On m’a confié la jolie tâche de fabriquer une Ode à la famille recomposée. Je pense que je suis en effet la personne indiquée car c’est vrai que les familles bizarres et alambiquées, c’est ma spécialité!

- Alors je n’ai pas réussi à être solennelle ni même très poétique. Mais je me suis laissé guider par le fil rouge… et toute l’affection que j’ai pour vous et pour votre histoire que j’ai suivie depuis le début.

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Justement, en parlant de début, commençons par le tout début !

- Au début, comme dans tous les débuts de tous les mondes, il n’y avait rien. Rien à l’horizon, même lointain. Et c’est dans ce vide apparent, dans ce néant presque aberrant, qu’a commencé la vie. Ne me demandez pas pourquoi, ni comment, mais

ce qui est assez marrant, c’est que juste après la vie est née l’envie. Et surtout, cette envie qu’on a tous de partager sa vie.

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Zoom sur nos deux amoureux. Je commence par le bout que je connais le mieux.

- après moultes années heureuses à parcourir le monde avec ses bottes de sept lieues, notre belle Catherine a eu elle aussi envie de composer sa vie à deux. Du haut de sa tour d’ivoire, elle scrutait l’horizon en espérant le voir. Elle attendait avec ivresse,

qu’arrive enfin celui qui la caresse. Elle s’impatientait qu’arrive celui qui l’appellerait sa promise. Un jeune fringant, un prince charmant.

- Elle m’en parlait de temps en temps. Il serait beau, attentionné et plein de talents. Elle était prête à l’attendre longtemps. Se demandait s’il existait vraiment. Si tous ce qu’on lui avait conté enfant ne serait pas juste du vent.

- Et c’est là, que Damien arriva. Sans grand drame ni fracas. Elle le fit entrer par la petite porte du bas. Trop occupée à regarder par la fenêtre si l’autre n’arrivait pas.

- Mais la vie est comme ça. Vous demandez un prince charmant, du type Philippe ou Laurent, et elle vous envoie un homme, un vrai, un intelligent. Un qui aime la vie. Un avec qui jamais on ne s’ennuie. Et au lieu de continuer à rêver à un substrat de

royauté, le mieux c’est surement de l’essayer car il y a fort à parier qu’à ses côtés, elle va aimer se réveiller.

- Ce qui devait arriver… arriva !

- La vérité c’est que quand elle proposa à cet homme-là de composer une ode à deux, il ne s’y refusa pas. Il suffisait de faire semblant que le reste n’existait pas. Même si ce n’était possible qu’à mi-temps.

- Quand le temps fut arrivé de déclarer l’amour qui les avait embrasés, la belle ne rechigna pas à intégrer les premiers héritiers de celui qu’elle souhaitait épouser. Même qu’il s’agit d’héritières mais c’était moins simple pour faire des vers.

- Quand elle proposa de continuer à procréer, notre héros ne se décomposa pas. Il continua à composer joyeusement et chemin faisant, ajouta Séraphine et Félicie à la partie. Au bout de deux trois ans, Il s’exclama simplement “huit ça suffit”. Maintenant, c’est fini !

 

La famille recomposée, c’est l’art de se compliquer la vie, de vivre avec une bande d’intrus qu’on supporte jusqu’à ce qu’on n’en puisse plus

- C’est six chaussettes à enfiler à deux pieds.

- C’est un agenda en huit dimensions à faire rentrer dans un tout petit cahier.

- C’est des repas impossibles à équilibrer. Entre le pâté et le gratin, tant pis pour les

petites salades qui font du bien.

- C’est une maison accordéon, une voiture grande comme un camion. Un budget vacances à faire pâlir Napoléon.

 

Mais aussi, c’est une belle leçon d’acceptation. Une proposition de la vie de jongler avec toutes les énergies des personnes qui ne se sont pas toujours choisies. L’occasion d’aimer entièrement et avec tous nos descendants. D’en faire quelque chose de transcendant.

 

Une famille recomposée, ça ne sera jamais lisse, si ce n’est sur les supports papier qu’on s’envoie en fin d’année.

- Mais j’avoue que vos cartes de vœux annuelles nous laissent rêveurs. Vous semblez tous les deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit assortis comme si vous vous étiez tous vraiment choisis.

 

Une famille recomposée, c’est une tribu, un troupeau, une horde. Un gros désordre.

Quelque chose de beau mais comme un Picasso. D’artistique, même… si on y ajoute un peu de musique.

C’est l’occasion d’aimer au-delà de ce qu’on avait pensé composer. D’ouvrir ses bras. Et d’y accueillir avec joie toutes les âmes, peu importe si elles sont à toi, à elle, à lui ou à moi, tous ensemble on composera.

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