
J'ai choisi d’exprimer ma gratitude aux artistes anonymes, aux lampistes de la vie, à toutes ces personnes qui travaillent dans l'ombre des mois, des années, pour simplement nous offrir un moment de joie.
Et c'est Pierre Rapsat, héros absolu de mon enfance, qui nous prête, à mon sens, sa plus belle chanson.
Après le dernier accord, je vous propose de profiter de la minute que le silence vous offrira pour, peut-être, dans votre tête, offrir un coup de chapeau à vos artistes, à vos lampistes de l'ombre.
"Les artistes d'eau douce" Pierre Rapsat
Et vive les artistes
Qui n'ont pas de nom
Vive les lampistes
Si peu réalistes
Quand l'art sur le -pouce
Leur fait oublier
Que chez eux ne pousse
Pas beaucoup de blé
Ceux-là que la chance
A manqué de peu
Mais dont la foi compense
Leur destin boiteux
La salle impatiente
Le train de banlieue
Le vent quand il vente
La pluie quand il pleut
​
Et vive les nomades
Les parias de l'art
Qui seraient bien malade
Sans tous les sans-grade
Sans les violonistes
Fini l'opéra
Sans tous les choristes
Plus d'hymne à la joie


Et quand vos suffrages
Vont au maestro
Donnez au passage
Un petit coup de chapeau
Au comique obèse
Dont le plus beau rôle
Passe avant l'anglaise
Dans un music-hall
​
Il faut, messieurs-dames
Se casser les reins
Sur un brise-lames
D'efforts quotidiens
Faire un même geste
Des années durant
Pour que d'une veste
Sorte un lapin blanc
La tarte à la crème
Contient du génie
C'est tout un poème
Quand les enfants rient
Et vive les artistes
Qui, sans prétention
Font trois tours de piste
Et puis qui s'en vont





